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Suzanne Dignard

Mimi et Suzanne Dignard

Le temps de Dieu auprès de Mimi

Janvier 2002 à juillet 2002

Partie 1

État de Mimi – 5 janvier 2002

Depuis Noël, Mimi retrouve un peu plus de vigueur dans ses échanges. Bien sûr, elle souffre encore beaucoup, mange peu, dort difficilement mais, elle manifeste plus de vigueur, offre de beaux messages d’amour, accueille avec générosité et continue avec courage sa mission. Elle livre un message de don total vécu dans le silence qu’elle offre à son Bien-Aimé. Maintenant, elle nous fait voir les fruits abondants de cette offrande. Nous échangeons sur sa vie et ses notes spirituelles. Mimi est abandonnée et confiante.

À l’hôpital – 9 janvier 2002

Aujourd’hui nous sommes allées avec Mimi à l’hôpital, le médecin doit voir si la guérison de sa cheville se fait bien. À mon arrivée, Mimi déjeunait et elle avait mis ses bas de soutien. Cela m’apparaissait presque impossible car c’est très difficile de mettre ces bas. Elle me dit que le Bon Dieu l’a aidée. Puis, nous partons pour l’hôpital et déjà je vois une Mimi calme et confiante priant le Père Éternel afin qu’il lui donne la force de vivre ce temps.

Le personnel nous facilite les choses et nous n’attendons pas longtemps. Mimi offre un visage et un regard d’un grand amour. C’est comme si en silence elle témoignait que Dieu est là avant tous les médecins du monde. Elle nous rassure sans dire un mot ou elle offre de l’humour, petite fleur de l’amour.

Le médecin fait son examen et trouve que la guérison se passe bien. Il dit que Mimi peut marcher davantage et il la reverra dans trois mois. Nous quittons l’hôpital le cœur léger et l’âme à l’action de grâce.

De retour à la Maison Saint-Joseph. Mimi est un peu fatiguée mais heureuse du résultat. Un petit temps d’humour et bon repos à ma petite mère.

Notes spirituelles de Mimi – 11 janvier 2002

Aujourd’hui, lecture des notes spirituelles de Mimi à partir de 1953. Elle pensait que ces lectures lui aideraient dans le temps actuel. Je commence donc la lecture. Elle suit d’une manière très attentive et elle regarde l’image du Père Éternel. Dans ces notes on voit qu’à l’âge de 38 ans Mimi vivait déjà le Don Total et acceptait sa mission.

Ce que l’on découvre dans ces notes est la constance de l’amour de Dieu qui inlassablement s’offre à Mimi. Le Seigneur désire avec ardeur l’offrande de sa petite épouse. Puis, Mimi se donne totalement à Dieu et l’on perçoit la grandeur spirituelle d’un tel amour.

État actuel de Mimi – mars 2002

Je vais tenter de décrire l’état actuel de Mimi. Après avoir passé environ un mois de manière assez alerte, soit de mi-janvier à mi-février, Mimi éprouve certaines difficultés. La principale raison à cet état est sans doute l’extrême fatigue que Mimi ressent.

Tout lui demande un grand effort. Son corps n’a plus la force de réagir. Tout en elle est devenu faiblesse. Se tenir debout est pénible et son corps a tendance à aller vers l’arrière sans qu’elle puisse se redresser. Le danger de tomber grandit alors. Mais, Mimi est extrêmement prudente. Lorsqu’elle est debout, elle marche très lentement et se tient à plusieurs points d’appuis. Puis, l’état de son cœur exige beaucoup d’efforts. Souvent elle cherche à reprendre souffle. Elle a des quintes de toux qui l’épuisent.  De plus, Mimi dort très peu durant la nuit et se réveille la plupart du temps vers 4 heures. Durant le jour, elle fera quelques étapes de sommeil. Cependant, Mimi ne mange presque plus. Elle est incapable d’avaler de la viande et n’a pas d’appétit. Elle a maintenant dédain de la nourriture.

Mimi passe de grandes parties de ses journées seule dans sa petite chambre. Elle n’ouvre ni radio ni télévision. Elle reste là dans le silence à prier et à se reposer. On ressent chez Mimi une profondeur particulière de son état spirituel. Elle n’a jamais une plainte, jamais de soupir de son état, jamais de signe de lassitude ou de découragement. Elle dira que ça va comme le Bon Dieu veut. En rien Mimi ne se soustrait à son engagement de victime d’amour dans la souffrance. Mais, maintenant, elle le fait davantage dans la discrétion et le silence.

Pour les personnes qui rencontrent Mimi, elle apparaît comme une femme fatiguée mais accueillante. Souvent les visiteurs diront que Mimi va très bien et ils la trouvent en pleine forme. Mais, Mimi ne laissera jamais paraître tout le poids de sa souffrance et des douleurs qu’elle ressent. Elle demeure celle qui écoute et réconforte les autres. Elle apporte à ceux qui la rencontrent de la joie, de la paix et surtout la compassion et l’amour de Dieu.

Ce qui tient Mimi aujourd’hui est sans doute cette offrande continuelle pour sauver des âmes. Dieu a tant besoin de son offrande pour l’humanité et jamais Mimi ne se soustraira à cet engagement même si en elle vibre la nostalgie du ciel. La grâce extraordinaire qui supporte Mimi dans son immolation repose sur l’Alliance scellée entre Dieu et Mimi.

Semaine Sainte 2002 – fin mars 2002

Mimi ne pourra assister aux offices religieux à la chapelle. Cette activité demanderait trop à son cœur. Elle participera donc de sa petite chambre aux offices en regardant celles-ci à la télé. Je l’accompagnerai durant ces célébrations. Mimi sera toujours très recueillie et priante, ne se laissant distraire par rien autour d’elle. Ses bons fils spirituels viendront participer aux offices et Mimi en sera très heureuse. Le père Armand, donnera l’homélie du Samedi Saint. À quelques pas de la chapelle, sa mère spirituelle priait afin que l’Esprit Saint vienne soutenir sa parole.

C’est le Vendredi saint, 29 mars 2002, que je m’engagerai au don total dans la petite chambre de Mimi. Selon le désir de ma mère spirituelle Mimi, je témoigne de mon engagement. Avec elle, j’ai récité la prière de cet engagement que je renouvelle maintenant à chaque matin en union avec Mimi.

Que de grâces obtenues par le sacrifice toujours consenti de Mimi, victime d’amour dans la souffrance. L’Alliance entre Dieu et Mimi devient source jaillissante de conversion et de retour à Dieu. Durant cette Semaine Sainte, Mimi accepte avec discrétion les souffrances et les contrariétés au quotidien en union intime avec son Bien-Aimé. Son dos la fait souffrir, mais Mimi accepte cette situation avec calme et renoncement.

Visite à l’hôpital – 10 avril 2002

Rendez-vous à l’hôpital Notre-Dame avec le médecin qui a opéré Mimi pour sa cheville. La présence des deux pères Girard auprès de Mimi dans le corridor, offre de la joie autour d’eux. Une préposée ou infirmière manifeste que sa journée commence très bien et dans la joie parce qu’elle vient de les rencontrer. Un médecin viendra vers Mimi pour la saluer. Mimi l’accueille avec chaleur et respect. Devant l’attrait de sa présence, Mimi reste humble mais offre de l’humour.

Puis viendra le Dr. Ayoub. Celui-ci se penche vers Mimi et lui signifie sa joie de la voir. Ils échangent de l’affection et de la tendresse. Puis, Mimi dit alors combien nous avons besoin d’amour. Elle dira : « Les gens s’aiment mais ils n’osent pas se le dire. » Mimi ne voit pas qu’autour d’elle les personnes qui attendent on fait silence et l’écoute. Au départ du médecin, les mots sortent et on entend ; Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Enfin lorsque Mimi doit aller vers le médecin soignant, les personnes qui l’ont écouté parler d’amour la saluent, lui disent bonjour et lui touchent. Mimi a encore atteint de nombreux cœurs, tout doucement en signifiant l’abondance d’amour en son cœur.

Au retour, elle dit qu’elle fait tout pour présenter un visage serein et paisible lorsqu’elle va à l’hôpital afin de se placer dans la confiance à Dieu. Puis, nous allons prendre un petit café et plusieurs travailleurs et travailleuses de la maison Saint-Joseph sont heureux de voir Mimi en dehors de sa chambre et ils viennent la saluer avec humour. Mimi demeure étonnée de constater qu’elle n’a aucun souvenir de son opération à la cheville. Elle dit que Dieu a voulu l’épargner. Quel amour !

Les difficultés au quotidien – 22 avril 2002

Mimi reçoit des remarques désobligeantes depuis quelques temps. Une personne de la maison lui dit à quelques reprises que les visiteurs qu’elle reçoit sont du bla-bla-bla. Mimi ressent un certain mépris dans cette expression mais, elle ne dit rien et offre tout.

La personne qui apporte à déjeuner à Mimi, vide dans ses céréales du lait chaud, ce qui fait perdre le goût et la teneur des céréales. Offrande, offrande, offrande.

Depuis quelques temps, Mimi se porte bien. Cependant, elle éprouve un certain ennui, chose nouvelle pour elle. Alors, elle essaie de sortir un peu de sa chambre afin de combattre cet état. Nous allons lui aider.

Mimi anémique – mai 2002

Depuis environ trois semaines, Mimi souffre de grandes faiblesses et de fatigue. Elle mange très peu et a dédain de la nourriture. Elle dit qu’un jour elle se nourrira que de l’Eucharistie. Mimi ne fait plus grand-chose de ses journées sauf qu’elle va un peu à l’extérieur de sa chambre afin de combattre l’ennui. On fait des prises de sang fréquentes à Mimi.

Puis, à la mi-mai le médecin de la Maison Saint-Joseph, Dr Derrico demande son hospitalisation. J’aurai à signifier à Mimi son entrée à l’hôpital.

Au début, elle croyait que c’était le père Armand qui était malade. Quand elle a réalisé qu’il s’agissait d’elle, elle a d’abord pensé au cancer. Mimi exprime sa peine et pleure en s’appuyant sur moi. Cependant, lorsqu’elle demande à quel hôpital elle ira, elle est très heureuse d’entendre qu’elle ira à l’hôpital Notre-Dame. J’essaie de lui procurer un peu de réconfort. Puis, elle dit qu’elle vivra en conformité à la volonté du Père Éternel. Elle trouve que cela vient vite, soit deux jours plus tard.

Lundi le 13 mai au matin, nous nous rendons à l’hôpital. Mimi est très faible et souffre en son cœur. Elle espère qu’on lui fera des tests et qu’elle pourra retourner chez elle le même jour. Malheureusement, son souhait ne sera pas réalisé. Mais, Mimi offre tout et redit qu’elle fera la volonté de Dieu. Elle dit qu’elle a tout donné et ce n’est pas pour reprendre. Elle pensait cependant que sa vieillesse serait plus calme et douce. Elle croyait qu’à 86 ans elle en avait fini de l’hôpital. Cependant, elle s’en remet à Dieu et tente malgré tout d’avoir un visage paisible et une attitude de réconfort pour ses proches.

Depuis sa première visite à l’hôpital, allant du 13 mai 2002 au 6 juin 2002, jusqu’à son décès, Mimi a vécu des moments difficiles et souffrants. Son état de santé devenait de plus en plus pénible mais jamais Mimi ne s’est plainte ou a manifesté du découragement. Au contraire, Mimi a continué à recevoir des personnes avec joie et sérénité. Elle était aussi très accueillante envers le personnel et encourageait chacun. Tous ceux et celles qui ont approché Mimi furent touchés par la miséricorde de Dieu. On l’aimait de tout cœur parce qu’à tous et à chacun, Mimi offrait la présence du Père très bon.

Ses silences comme ses paroles venaient éveiller en nous le meilleur car la grâce rayonnait en toute sa personne et alors nous nous savions aimés d’une manière inégalée par Dieu. Rencontrer Mimi c’est alors être reçu de Dieu et devenir son enfant. Oui, à travers ses souffrances jamais Mimi n’a cessé de dire OUI au Père Éternel afin que par elle, il puisse nous manifester tout son amour.

La route vers l’Infini

Lundi 13 mai 2002

Mimi est acceptée à l’urgence de l’hôpital Notre-Dame. On lui met l’oxygène et on fait rapidement des prises de sang. Elle reçoit aussi un soluté. Elle passe dès le matin des rayons x et un examen pour les intestins. Un médecin l’interroge et Mimi répond avec clarté signalant aussi la grande faiblesse. Enfin, fin d’après-midi, en présence de ses deux fils spirituels et de moi-même, Mimi reçoit la visite d’une spécialiste, Docteur Fortin. Celle-ci questionne Mimi et procède à un examen. Puis, elle dit qu’elle perçoit une difficulté au ventre droit : soit au colon, à l’ovaire ou autres. Elle dit qu’il faudra avoir d’autres examens mais qu’on doit d’abord la renforcir. Elle fait donc son inscription afin que Mimi soit hospitalisée. Elle demande aussi des transfusions de sang.

Au départ du médecin, Mimi prend les événements avec humour avec ses deux fils, mais elle ajoute : « Je ris mais j’ai le goût de pleurer. » Puis, Mimi s’apaise. Elle mangera un peu plus au souper. Dans la soirée et dans la nuit elle recevra deux transfusions de sang. Puis, suite à sa prière, son fils Armand lui offrira le sacrement des malades et la communion. Mimi s’offre à nouveau au Don Total. Elle passe la nuit dans une salle et elle est au milieu devant la porte lumière allumée. Elle ne dort pas beaucoup.

Mardi 14 mai 2002

Mimi a passé un échographie afin de mieux percevoir ce qui se passe au ventre droit. Dans l’après-midi, Mimi monte à une chambre ; 2002 le 2e lit. Elle est un peu bouleversée. Monter à une chambre indique qu’elle passera un certain temps à l’hôpital et elle le sait. Elle se demande un peu pourquoi on la garde. L’installation est lourde et Mimi est fatiguée. Puis, vient le souper et Mimi mange de son mieux dans les circonstances qu’elle vit. Après le souper, un jeune médecin vient pour lui poser des tas de questions et faire un examen approfondi. Mimi fait un grand effort pour bien répondre à tous. Parfois elle fait erreur ou cherche. Je dois l’aider un peu et le médecin accepte cela. Je laisse Mimi épuisée. Mimi craint un peu que l’on trouve quelque chose. Ensemble nous signifions notre abandon à Dieu. À son dossier il est noté : anémie grave.

Mercredi 15 mai 2002

Mimi a meilleur teint. Elle est assise pour manger et accepte ce qu’elle vit. Elle dit qu’elle sait qu’elle n’est pas ici pour rien. Elle prie beaucoup pour les malades.

Mimi voit elle-même à sa toilette personnelle. Elle attend calmement les résultats. On lui injecte une piqûre au côté droit du ventre car il semble qu’elle a une hernie. Ainsi on souhaite la diminuer. Mimi reçoit la visite d’un bon ami et elle en est bien heureuse. À nouveau l’humour aide à passer des moments difficiles.

Jeudi 16 mai 2002

Jour anniversaire du sacerdoce du père Armand et du père Guy. Messe et rencontre auprès de Mimi. Mimi est assise dans sa chaise et elle a mangé un bon repas. Elle est heureuse de souligner aux pères Girard sa pensée pour leur anniversaire. Elle souhaitait être auprès d’eux pour ce jour. Mimi accepte sa situation et sait combien les malades ont besoin de prières. Elle redit qu’elle n’est pas là pour rien.

On parle à Mimi de d’autres tests à venir. On lui dit aussi que selon ce qu’elle mange, elle aura ou pas un soluté. Enfin, on suggère à Mimi un congé. Elle refuse disant qu’à la maison, elle aura de la visite et se fatiguera. Elle ne veut pas perdre ce qu’elle a gagné. Mimi l’offerte et la raisonnable.

Vendredi 17 mai 2002

En arrivant à la chambre de Mimi, il y a beaucoup de fébrilité. C’est que le médecin a insisté pour que Mimi prenne congé. La fin de semaine est de trois jours et on ne fera rien comme examen durant ce temps. On prépare Mimi pour le retour à sa résidence. L’atmosphère est de joie et d’humour et c’est Mimi qui donne le ton. Mimi avait offert de ne pas retourner chez elle et Dieu lui offre trois jours à la maison !

Elle est en joie mais se demande pourquoi elle doit revenir à l’hôpital. Les gens de la maison sont heureux de la revoir. Il faudra que Mimi se repose et qu’elle mange bien et plus fréquemment.

Samedi et dimanche 18 et 19 mai 2002

Mimi est à sa petite chambre et se repose. Elle verra quelques personnes mais pas longtemps. Cependant, il semble que l’on ne se comprend pas avec les responsables des repas. Mimi n’a pas la quantité et la qualité de nourriture qu’elle devrait recevoir. Cet aspect est difficile. Nous aurons à préciser davantage au responsable.

Mimi a manqué la visite de son frère Paul. Il est venu durant qu’elle était à l’hôpital. Elle en est attristée mais elle reçoit un appel de lui et en est heureuse. Dimanche, Mimi viendra prendre un petit café au casse-croûte ; cela lui fait du bien.

Elle semble triste et un peu inquiète ; c’est que demain, elle retourne à l’hôpital. À mon départ, elle dit combien elle est reconnaissante au Père Éternel que nous nous soyons rencontrées. Et moi donc !

Lundi 20 mai 2002

Mimi retourne à l’hôpital. Elle a les yeux tristes et semble se concentrer sur l’offrande à vivre. À l’heure du départ, elle reçoit la visite d’un préposé qui l’aime beaucoup. Celui-ci est ému et lui manifeste toute sa sympathie. Puis, nous croisons une petite famille dans le corridor. Mimi prendra le temps de les saluer et d’offrir sourires et réconfort auprès d’eux.

Notre arrivée à l’hôpital se fait sous la pluie. Mimi sera protégée mais aussi un peu trempée. Rendue à sa chambre Mimi est très fatiguée et essoufflée. Enfin, elle s’assoit et signifie combien elle a hâte de retourner chez elle. À mon départ Mimi me dit : « Tu sais le Père Éternel savait de toute éternité ce que nous vivons maintenant. » Toujours ce lien profond avec le Père Éternel.

Quelques impressions

Mardi 21 mai 2002

Mimi vit présentement de grands moments d’offrande dans le courage et l’abandon en Dieu. Elle aurait aimé que cette étape de sa vie se passe en douceur. Parfois elle dit qu’elle pensait qu’avec toutes les souffrances de sa vie, cette étape actuelle serait plus douce et plus calme. Cependant, elle sait et dit que ce n’est pas pour rien qu’elle est à l’hôpital. Ceci indique combien le Père a encore besoin de son offrande afin de sauver des âmes.

Mimi dit aussi qu’elle a tout donné et c’est pour ne jamais reprendre. De plus son abandon et sa confiance au Père Éternel lui donnent les forces nécessaires pour combattre et même réconforter autour d’elle. Oui, Mimi demeure plus que jamais la petite servante, victime d’amour dans la souffrance, elle en est bien consciente et l’offre avec amour et générosité.

À l’hôpital, Mimi offre un calme qui est remarqué par le personnel. Elle remercie toujours les infirmières et infirmiers comme s’ils lui faisaient une grande faveur à chaque soin apporté. Le personnel est choyé d’avoir Mimi comme patiente et de nombreuses grâces leur sont offertes ainsi.

Le Christ souffrant gardait toute sa lucidité sur l’offrande ultime : glorifier le Père et sauver des âmes. Mimi vit unie au Christ par ses souffrances dans le même chemin et avec tant d’amour.

Maintenant, il nous faut reconnaître toutes les grâces du don total et les recevoir avec courage, dignité, discrétion et amour. Que Dieu nous vienne en aide.

Aujourd’hui, Mimi a une nouvelle compagne dans sa chambre. Une jeune fille de 23 ans qui a eu un AVC il y a un an. Elle est paralysée des deux jambes et du bras gauche. Elle parle à peine.

Sa mère est auprès d’elle et lui offre un grand réconfort. Mimi regarde cette jeune fille, Émilie, avec amour et compassion. Je suis certaine qu’elle prie beaucoup pour elle.

À mon arrivée Mimi parlait de ses deux fils spirituels à la mère de la jeune fille. Elle signifiait combien ils aident les malades et les rapprochent de Dieu. Plus tard, le père Guy, sans savoir ce que Mimi avait signifié au sujet de son travail auprès des malades, vint auprès de la jeune Émilie. Il lui suggéra de prononcer les noms de Jésus, Marie et Joseph ; ce que fit la jeune fille. Il lui conseilla de dire souvent ces trois noms et qu’ainsi dans les moments difficiles elle pourrait prier et demander du secours. Puis il nous invita Mimi et moi à faire une prière pour Émilie. Il venait de vivre ce que Mimi avait expliqué à la mère de la jeune fille. Plus tard les deux pères vinrent à la chambre et signifièrent une belle compassion pour Émilie et sa mère. Celle-ci m’a semblé très touchée et heureuse de ce réconfort. Mimi venait de préparer la venue du Christ compatissant.

Mercredi 22 mai 2002

Mimi est plutôt pâle aujourd’hui. Je crois qu’elle éprouve une souffrance particulière et elle offre malgré cela sourire et réconfort. Mimi n’aura pas le scanner aujourd’hui ni plus tard. Elle dit que les médecins craignent trop pour son cœur. Cependant, vendredi elle subira des examens sérieux pour les intestins, les ovaires et l’estomac. Le médecin interne vient lui expliquer cela et Mimi lui offre son sourire et son acceptation. À son départ, une grande tristesse envahit Mimi.

La jeune voisine de Mimi, Émilie a dû changer de chambre car elle aurait une bactérie. On a donné une piqûre à Mimi afin de prévenir. Mimi est attristée pour la jeune fille. Une nouvelle voisine arrive et le contact se fait avec un peu de difficulté.

Mimi dit : « Il paraît que je perds du sang et que l’on ne trouve pas où. » Elle ajoute : « La souffrance de Dieu les hommes ne la voient pas. »

Elle dit aussi que par son séjour à l’hôpital, il y a du bon car ainsi elle apprécie davantage la solitude qu’elle vit dans sa petite chambre chez elle. Puis Mimi me dit que souvent les personnes qui viennent à cette chambre de la résidence trouvent une grande paix et du calme.

Une fois elle se questionnait à ce sujet, le Seigneur lui dit : « Tu oublies que Je m’offre ici à chaque jour en sacrifice. » (Messe célébrée par les pères Girard.) Et Mimi d’ajouter : « Voilà la raison pour laquelle les gens qui y viennent reçoivent Jésus qui habite ma chambre comme un petit sanctuaire. »

Vendredi 24 mai 2002

Mimi subit ce matin deux examens importants: une gastroscopie et une coloscopie. Hier, elle a dû boire quatre grands pichets d’eau citronnée afin de se préparer aux examens. Mimi a trouvé cela très difficile. Elle aimerait tant retourner chez elle. Souvent Mimi dit qu’elle ne comprend pas pourquoi les gens de la Maison St-Joseph ne viennent pas la voir. Après ses examens Mimi est très fatiguée et on la couche. Il n’est pas question qu’elle ait congé pour la fin de semaine.

Samedi 25 mai 2002

Aujourd’hui, Mimi porte une souffrance intérieure. Elle me dit qu’elle pense que l’on découvrira un cancer. Que si c’est la volonté de Dieu, elle accepte cet état. Que de toute façon il faut bien qu’elle meure de quelque chose. Puis, Mimi me dit qu’elle prie beaucoup pour ceux qui sont malades et qui souffrent. Elle offre à Dieu leur souffrance au cas où ils ne penseraient pas à les offrir. Elle ajoute : « Je ne voudrais pas qu’une âme soit au purgatoire parce que j’ai négligé de prier pour elle et d’offrir mes souffrances. »

Mimi me parle aussi de l’Esprit Saint qui est en nous. Il fait de nous sa demeure avec le Père et le Fils. Mais, nous ne pensons pas à l’écouter et à vivre selon sa volonté.

Dans la chambre, il y a beaucoup de bruit et de monde. La compagne de chambre de Mimi reçoit ses enfants : cinq personnes, plus cette malade, Mimi et moi. Donc, huit personnes dans cette petite chambre.

Je sens que Mimi est très fatiguée. Au moment d’aller aux toilettes, Mimi ressent une grande faiblesse. Elle a une douleur à la poitrine et cherche sa respiration. Le père Armand arrive à ce moment. Nous tentons d’étendre Mimi dans son lit et faisons venir l’infirmière. Mimi recevra de la Nitro à trois reprises, aura un électro et on lui donnera une piqûre de morphine.

La chère petite Mimi tentera par la suite de nous rassurer par l’humour. Nous savons pourtant qu’elle doit se reposer. Nous la quittons afin qu’elle ne combatte pas l’effet de la piqûre. Mimi a souffert de cette douleur et dans la difficulté de la situation dans laquelle elle se trouvait, Dieu recevait à nouveau l’offrande totale. Il nous était alors demandé d’offrir pour elle tout, dans le don total, car Mimi ne pouvait le faire.

Lundi, Mimi subira un autre examen : une biopsie de l’endomètre. Elle accepte cette nouvelle épreuve avec courage et discrétion.

Mercredi 29 mai 2002

Depuis dimanche, Mimi prend du repos. Lundi elle a  aussi subi une biopsie. Elle revient de cet examen, extrêmement fatiguée. Elle est au lit afin de mieux se reposer. Elle recherche réconfort et repos. Ce jour-là, Mimi semble insister davantage sur le fait que ses souffrances à l’hôpital ne sont pas là pour rien. Mimi nous replace constamment dans le sens de sa mission : conduire des âmes à Dieu par un amour total offert comme victime d’amour dans la souffrance en union avec les souffrances du Christ en croix.

Tout cela se passe dans la discrétion et le calme. Mimi demeure simple et vraie mais disponible et totalement tendue vers le Père Éternel. Mimi sait qu’elle a encore à subir des examens qui lui demanderont des efforts et de l’endurance. Elle dispose son cœur, son esprit et surtout son âme au temps à venir. Aujourd’hui, Mimi a eu un scanner et a été changée de chambre. Elle est fatiguée et au lit. Elle glisse continuellement dans son lit et n’a pas de manette pour remonter son lit. Cela semble banal mais pour l’état dans lequel se trouve Mimi, c’est difficile et cela lui occasionne des douleurs ; car Mimi étouffe si elle est trop basse dans le lit et elle a des douleurs au dos.

Je sais qu’elle offre toutes ces contrariétés. Mimi nous parle au père Armand et à moi près de son lit ; elle garde toute sa vivacité et sa pertinence. Elle a une attitude d’offrande sans retour. Elle cherche à plusieurs reprises à tenir la main comme une assurance et une communion. Je ne sais rien de l’intensité de ce que vit Mimi, mais je sais qu’il m’est demandé seulement d’être là et de l’aimer comme le Père Éternel veut que je l’aime.

Vendredi 31 mai 2002

Mimi est assise dans sa chaise dans le coin de sa chambre d’hôpital et elle a une nouvelle compagne. Elle dit qu’elle trouve le temps un peu long et qu’elle a hâte de retourner chez elle. Elle offre les souffrances de ceux qui oublient de les offrir. Elle dit aussi que présentement elle est en offrande particulière pour le Saint-Père, qu’il a un grand besoin de soutien car il souffre beaucoup.

Mimi m’annonce qu’elle a une tumeur. Peut-être qu’on lui parlera d’une opération. Elle dit qu’il faudra qu’on lui assure que son cœur peut résister. Elle préférerait qu’on ne l’opère pas. Elle dit qu’elle ne ressent pas de mal et que si Dieu veut qu’elle vive et meure avec cette tumeur c’est ce qu’elle acceptera.

À l’heure du souper, Mimi s’installe pour le repas. Au début, elle mange avec plus d’appétit. Puis, Docteur Villeneuve entre et lui dit qu’elle lui a signé un congé si elle veut le prendre. Mimi est un peu fébrile. Elle hésite et se trouve dans le dilemme de retourner chez elle, ce qu’elle aimerait. Mais elle sait que cela la fatiguerait beaucoup : le voyagement, les visiteurs à sa chambre, les explications, etc. De plus, elle se dit que si elle sort de l’hôpital pour revenir en début de semaine, cela ne vaut pas la peine. Nous tentons de rejoindre les pères Girard. Finalement, nous parlons au père Guy au téléphone qui conseille à Mimi de demeurer à l’hôpital. Ce soir le père Armand sera de garde et ira la voir et demain et dimanche le père Guy est de garde et sera aussi auprès d’elle. Mimi a les yeux au bord des larmes. Finalement, elle n’a plus d’appétit et laisse son repas.

À mon départ elle remercie le Bon Dieu pour tout ce qu’il fait en la plaçant avec des personnes qui l’aiment. Chère Mimi, l’offrande et l’action de grâce constantes en son âme à travers vents et marées.